La voix de la chanteuse montait, l'orchestre arrivait derrière, comme fasciné, drainé par cette voix, et Jérôme, machinalement, presque éperdu - mot qui ne lui convenait guère - redressa le rétroviseur et jeta un coup d’œil vers sa femme. Il pensait la voir comme il la voyait souvent dans les concerts, immobile, figée, les yeux élargis, mais il abaissa trop brutalement la petite glace du rétroviseur et ce qu'il vit, ce fut la main longue et maigre de Stanislas appuyée, paume à paume, à celle de Monika. Il releva aussitôt la glace et la musique devient une suite incompréhensible et incohérente de sons horribles, hurlés par une folle furieuse, Un instant, il ne distingua plus très bien la route, ni les sapins ni le virage à venir.
(pp.13-14)
"En fait, je peux guérir", dit-il à voix haute. Et l'ombre assise en contre-jour devant la fenêtre eut un léger sursaut. Il l'avait oubliée, d'ailleurs il l'avait toujours oubliée. Il se rappelait sa surprise en apprenant sa liaison avec Jean. Pour quelqu'un, elle vivait encore, elle était belle, elle avait un corps.
(pp.40-41)
Et il attrapa sa main d'un mouvement lent et tranquille. La dernière fois, c'était il y a deux ans, au Bois de Boulogne : il était avec une fille assez jeune et sotte sur un banc et il avait eu ce même mouvement calme, pour ne pas l'effrayer. Inutile, d'ailleurs, elle était chez lui une heure après. Maisil se rappelait l'immense trajet qu'avait dû faire sa main pour atteindre les doigts un peu rougeauds... Ces moments-là...
(pp.42-43)
Les cinq distractions.
Mais j'ai pas que ça à faire de recopier une nouvelle en entier.
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